Les textes de la semaine : Chabbat VAYISHLAH

Résumé de la Paracha VAYISHLAH

Les messagers que Jacob a envoyés auprès de son frère reviennent avec de mauvaises nouvelles : Esaü a levé une armée de 400 hommes, et vient à la rencontre de Jacob. Se préparant au pire, celui-ci supplie D.ieu de l'aider, envoie à Esaü des présents, et fait traverser la rivière Jabbok à sa famille.

Lui, cependant, reste en arrière et rencontre un ange qui représente l’esprit de d’Esaü, avec lequel il lutte jusqu’à l’aube. Bien qu’atteint à la hanche, Jacob est vainqueur. L’ange lui donne alors le nom « Israël », « Car, dit-il, tu as combattu contre des puissances célestes et des hommes et tu es resté fort».

Jacob et Esaü se rencontrent enfin. Les deux frères jumeaux s’embrassent puis chacun reprend son chemin. Esaü s'installe à Séïr, Jacob à Souccot puis à Sichem. Là, le fils du prince s'éprend de Dîna, fille de Jacob, et demande sa main après l’avoir enlevée et violée. Ses frères, Siméon et Lévi, feignant d'accepter, posent comme condition la circoncision de tous les hommes de la ville, et profitent de leur faiblesse pour les passer au fil de l’épée, pour venger leur sœur. Jacob leur en fait le reproche.

Jacob part à Béthel, où il érige un sanctuaire à D.ieu; Celui-ci se révèle à lui, et lui confirme son nouveau statut d'Israël. La famille fait route vers Ephrata, mais Rachel meurt en chemin, en donnant naissance à son second fils, Benjamin. Isaac meurt, et est enseveli par ses fils à Hébron. La généalogie d'Esaü est établie

 

Les quiz de la semaine

 

1. Pourquoi Yaakov était-il à la fois effrayé et angoissé ?
2. Quelles sont les 3 manières dont Yaakov s’est préparé à la rencontre avec Esaü ?
3. Dans son combat contre l’ange, Yaakov le retient, pourquoi ?
4. Qu’arriva-t-il aux 400 hommes qui accompagnaient Esaü ?
5. Qui est né en même temps que Binyamin ?
6. Que signifie le nom Binyamin ?
7. Quelles sont les 3 catégories de personnes qui voient leurs fautes pardonnées ?

Commentaire de la Paracha VAYISHLAH

Texte: Béréchit 32:4-36:43

L’épisode du combat nocturne de Jacob, qui lui vaut le nom d’Israël – « celui qui lutte avec D.ieu et avec les hommes et l’emporte » (Gen. 32:29) – demeure l’un des plus énigmatiques de la Torah. À l’approche d’Ésaü et de ses quatre cents hommes, Jacob, « très effrayé et angoissé » (Gen. 32:8), multiplie les préparatifs : cadeau, prière, stratégie. Mais la peur persiste, et c’est seul, dans la nuit, qu’il affronte un être mystérieux, décrit tour à tour comme un homme, un ange, ou même, par Jacob lui-même : « J’ai vu D.ieu face à face » (Gen. 32:31).
Selon Rashbam, le petit fils de Rachi, l’épisode du combat s’inscrit dans un schéma narratif récurrent de la Bible, où D.ieu confronte quelqu’un qui cherche à éviter sa mission. Il le rapproche de Jonas, qui tente de fuir vers Tarsis jusqu’à ce que la tempête et le grand poisson lui rappellent que la fuite est impossible, et de Moïse, arrêté par D.ieu sur la route d’Égypte alors qu’il hésite encore malgré l’appel du Buisson ardent. Jacob, de même, malgré les promesses divines, cherche à éviter la rencontre avec Ésaü. Ainsi, trois géants spirituels — Jacob, Moïse et Jonas — sont, selon Rashbam, non pas des peureux, mais des hommes terrifiés par leur mission. Leur peur n’est pas physique ; elle est existentielle : « Qui suis-je ? » demande Moïse. Jacob lui-même confesse : « Je suis indigne de toutes les bontés que Tu m’as faites» (Gen. 32:11). Ce qu’ils redoutent, ce n’est pas l’ennemi, mais l’impression d’être trop petits pour une tâche trop grande. Le véritable courage n’est donc pas l’absence de peur, mais sa maîtrise.
Comme l’écrit Marianne Williamson: « Notre peur la plus profonde n’est pas d’être incapables. Notre peur la plus profonde est d’être puissants au-delà de ce que nous osons même imaginer. Ce qui nous effraie le plus, ce n’est pas notre obscurité, mais notre lumière. Nous nous demandons : ‘Qui suis-je pour être brillant, magnifique, talentueux, admirable ?’ Mais en réalité, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de D.ieu. Vous rapetisser ne rend service à personne. Il n’y a rien de spirituel à se diminuer pour ne pas inquiéter ceux qui vous entourent »
C’est pourquoi D.ieu « lutte » avec Jacob, Moïse et Jonas : pour les empêcher de fuir la vocation qui leur est confiée. De même, chacun de nous peut être tenté de « jouer petit ». Mais la mission juive – être une lumière, un témoin, un défi vivant aux idoles de chaque époque – exige que nous affrontions cette peur. Nous ne devenons grands qu’en assumant la tâche qui nous dépasse. Et si parfois nous tremblons, rappelons-nous : ressentir la peur est normal ; lui céder ne l’est pas. D.ieu a foi en nous tous !  

d’après  Rabbi Sacks  z'L   

 

Commentaire de la Haftara VAYISHLAH

Texte: Hazon Ovadia. Ovadia 1:1-21

Le livre du prophète Ovadia, dont est tirée notre haftara, est le plus court de tout le Tanakh : un seul chapitre, vingt et un versets. Mais il porte un message fort, presque entièrement dirigé contre Édom.
Ovadia lui reproche non seulement d’avoir attaqué Juda, mais aussi d’être resté passif lorsque Jérusalem était envahie par les Babyloniens, de s’être réjoui de son malheur, d’avoir pillé la ville après leur départ et d’avoir livré les fugitifs. Il annonce qu’aussi puissante qu’Édom puisse se croire, elle sera finalement renversée : « Même si tu élevais ton nid comme celui de l’aigle, quand bien même tu le placerais parmi les étoiles, je t’en ferais descendre, dit l’Éternel » (1,4).

Ce verset est cité dans le Talmud de Jérusalem, traité Nedarim (3:8:2), consacré aux vœux personnels que l’on prononce par la parole : un véritable traité du droit religieux du langage. Le chapitre où apparaît notre verset aborde les vœux qui visent des catégories de personnes. La Mishna cite, par exemple : «Je ne veux rien recevoir des descendants d’Abraham ». Se pose alors une question essentielle : qui fait réellement partie de cette catégorie ? De la réponse dépendra la portée du vœu.

Qui sont alors les descendants d’Abraham? Les Juifs en font évidemment partie. Mais Ésaü, lui aussi descendant d’Abraham et fils d’Isaac, doit-il être inclus ? Les Sages répondent : non. Ils expliquent qu’Ésaü ne représente qu’une partie de la lignée d’Isaac, alors que Jacob en porte la véritable continuité spirituelle. Ésaü, même s’il est biologiquement un descendant, n’appartient pas à la lignée morale et spirituelle d’Abraham. La discussion introduit alors une image saisissante : dans le monde futur, Ésaü tentera de “se glisser” parmi les Justes, allant jusqu’à revêtir un talith et à s’asseoir parmi eux. Mais Dieu le repoussera, et le verset d’Ovadia est cité comme preuve qu’aucune apparence ne peut lui conférer cette place.
Cette lecture nous enseigne que l’on ne devient pas juste simplement en s’asseyant parmi les justes, pas plus qu’on ne devient lumineux en se plaçant parmi les étoiles. La véritable grandeur ne vient ni de l’origine ni de l’apparence : elle se construit dans le cœur, dans la droiture, dans la vérité de la vie que l’on mène. Ceux qui voudraient, comme Ésaü, élever leur nid “parmi les étoiles” sans en vivre la lumière, finissent toujours par être démasqués et ramenés à ce qu’ils sont réellement.

d’après sources diverses/  

 

Réponses aux quiz

1. V 32 :8. Effrayé d’être tué et angoissé de devoir tué.
2. V 32 :9. Il envoya des présents, pria et se prépara à la guerre.
3. V 32 :27. Il voulait qu’il admette que les bénédictions que Itshak lui a données lui reviennent de droit.
4. V 33 :16. Ils se sont débinés, car ils se sont désolidarisés de Esaü dans son projet de tuer Yaakov.
5. V 35 :17. Deux soeurs jumelles.
6. V 35 :18. « Fils du Sud » car Binayamin est né en Erets Israël qui est au sud d’Aram.
6. V 36 :3. Celui qui se convertit au judaïsme, celui qui est élu chef de ses semblables, celui qui se marie.