Résumé de la Paracha HA'AZINU
La plus grande partie de la paracha de Haazinou (« Écoutez ») est composé d'un « cantique » de 70 lignes que Moïse transmit au peuple d'Israël, le dernier jour de sa vie terrestre.
Prenant le ciel et la terre à témoins, Moïse exhorte le peuple en ces termes : « Souviens-toi des jours d'antan, méditez les années, d'âge en âge ; interroge ton père, il te l'apprendra, tes aïeux, ils te diront » de quelle manière D.ieu « l'a trouvé au pays du désert », en fit un peuple, l'a choisi comme Sien, et leur a attribué une terre d'abondance. Le Cantique met en garde contre les pièges de la prospérité – « Mais Yechouroun s'engraisse et se rebelle. Tu deviens gras, replet, bouffi – Il abandonne le D.ieu qui l'avait fait, il méprise le Rocher de son salut, » ainsi que les terribles calamités qui en résulteraient, que Moïse décrit comme D.ieu « détournant Sa face ». Cependant, il promet que D.ieu, à la fin, vengera le sang de Ses serviteurs et se réconciliera avec Son peuple et Sa terre.
La paracha se conclut par l'ordre de D.ieu à Moïse de gravir le mont Nebo jusqu'à son sommet, depuis lequel il contemplera la Terre Promise avant de mourir sur la montagne. « De loin seulement tu verras le pays, tu n'y entreras pas, dans cette terre que Je donne aux enfants d'Israël. »
Les quiz de la semaine
1. Pourquoi la Thora est-elle comparée à la pluie ?
2. Comment D-ieu peut-il être à la fois loyal (El Emouna) et sans injustice (Ein AAvel) ?
3. Pourquoi le mérite des ancêtres du peuple juif est-il comparé à une corde (Hével Nahalato) ?
4. Comment le concept de Hillul Hachem (profanation du nom de D.) empêche les nations de détruire le peuple juif ?
5. Pourquoi au verset 32 :44, Yéhochoua est-il nommé Hochéa ?
6. Si Moïse avait parlé au rocher au lieu de la frapper pour qu’il donne son eau, quelle leçon il aurait donné aux enfants d’Israël ?
Commentaire de la Paracha HA'AZINU
Texte: Dévarim 32:1-52
Moïse prend à témoin les cieux et la terre (2 témoins permanents de l’Histoire, remarquez que ce n’est pas « le Monde » qui est pris à témoin car dans la conception juive, il n’y a pas de « Cosmos » ou de « Monde », comme dans la philosophie grecque, mais une notion de séparation du matériel et du spirituel, qui constituent le socle de l’Univers). Pris à témoin donc, et contre Israël, compte tenu de la propension du peuple à fauter. Ce faisant, le Cantique Haazinou convoque toutes les époques et tous les lieux de l’Histoire, car la vision qui s’offre au prophète lui révèle une réalité cohérente, à l’intérieur de laquelle futur et passé ne sont pas seulement en harmonie, mais s’expliquent mutuellement. Dès lors, ce Cantique constitue un message central de la Thorah, expliquant la mécanique du Sens de l’Histoire, et de la finalité de l’Univers, à savoir la Rédemption de l’Humanité, dans un monde juste, où toutes les Nations loueront l’Eternel (verset 43) et où Israël, repenti, et auprès duquel justice sera faite après les vicissitudes de l’Histoire, irriguera de la Torah les autres nations. C’est-à-dire, un universalisme harmonieux, dans le maintien de la particularité du rôle et des caractères de chacun. Le Cantique s’articule en trois temps principaux : l’avertissement d’Israël quant à sa propension à manquer de sagesse, et faire preuve d’ingratitude, sans penser aux conséquences de ses actes sur l’Histoire (verset 6), implique de comprendre la responsabilité d’Israël vis-à-vis de l’Histoire (cf. Rambam), puis vient la notion de rétablissement de la Justice divine, et Justice de l’Histoire, afin de faire apparaître la finalité, à savoir la Rédemption de l’Humanité. Et enfin, la conclusion de la paracha, où D.ieu s’adresse à Moïse et lui donne les dernières instructions avant sa mort. Dans le passage qui traite de la Justice, juste avant, deux points notoires : le verset 21 « Eux ont suscité non courroux avec des dieux nuls, m'ont peiné par leurs vaines idoles ; et moi je les irriterai par un peuple nul, je les affligerai par une nation indigne ». Autrement dit, là où Israël n’est pas lui-même et n’assume pas son propre rôle auprès des nations du monde et de D.ieu, se crée nécessairement une rivalité (la nature ayant horreur du vide…) et donc à un « non-D.ieu » va « répondre », un « non-peuple ». Autre passage notoire concernant la notion de Justice : (verset 43) « Ô Nations, chantez les louanges de Son peuple, car D.ieu vengera le sang de Ses serviteurs » autrement dit , il est attendu aussi des Nations, de reconnaître la royauté du D.ieu véritable, et une telle démarche est méritoire tant elle peut être risquée : définition du Juste parmi les Nations.,
d’après Rav Ouri Cherki, Edmond Safra ed
Commentaire de la Haftara HA'AZINU
Texte: Vaydaber David Samuel II 22:1-51
La haftara de cette semaine est tirée du livre de Samuel II. Ce texte poétique est un chant de victoire et de reconnaissance que David adresse à l’Éternel « après que l’Éternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül » (22,1).
Il est quasiment identique au Psaume 18, ce qui élargit sa portée : il ne s’agit plus seulement de la prière du roi David, mais de celle de tout croyant.
David évoque sa détresse et en appelle à Dieu. Il est seul, impuissant face à la mort et à ses ennemis. Dieu entend son cri et intervient, et c’est comme si l’univers entier s’ébranlait : la terre tremble, les cieux chancellent, la fumée et le feu sortent de Sa bouche. Il s’incline pour descendre, enveloppé d’obscurité et de nuées, et apparaît monté sur un chérubin : « Il montait sur un chérubin, et Il vola, Il apparut sur les ailes du vent » (22,11).
Ce verset est cité dans le Talmud (Rosh Hashanah 31a:15). Ce traité traite principalement des quatre “nouvel an” juifs :
- le 1er Nisan, nouvel an pour les rois,
- le 1er Eloul, nouvel an pour la dîme du bétail,
- le 1er Tishri, nouvel an civil,
- le 1er Shevat, nouvel an pour les arbres.
Mais à la page 31a, la discussion se concentre sur la manière dont la présence divine (Shekhinah) s’est retirée progressivement du Temple lors de sa destruction et s’est élevée vers le ciel.
Plusieurs exemples sont donnés pour montrer comment la gloire de Dieu se manifeste ou se retire, et le verset ci-dessus est cité pour illustrer la mobilité de la Présence divine. Les Sages l’utilisent pour enseigner que la Shekhinah ne disparaît pas avec la destruction du Temple, mais qu’elle accompagne Israël et s’élève par étapes vers le ciel.
Cela nous enseigne que la spiritualité doit s’adapter aux circonstances. Il n’est pas nécessaire de s’accrocher désespérément aux formes du passé, ni d’avoir un sanctuaire fixe pour vivre la proximité divine. Elle peut être trouvée « sur les ailes du vent ».
Ainsi, la fidélité à ce qui est essentiel — la foi, les valeurs, l’éthique — peut traverser les lieux et les époques. Ce qui compte, ce n’est pas tant où nous sommes, mais comment nous préservons le lien.
d’après sources diverses/
Réponses aux quiz
1. V 32 :2. La Thora donne la vie et favorise la croissance (spirituelle) comme la pluie.
2. V 34 :4. Loyal car il récompense les justes et sans injustice car il récompense même les méchants pour leurs bonnes actions.
3. V 32 :9. Car il est comme une corde à 3 brins, qui ne se rompt jamais.
4. V 32 :27. Car les nations feraient dépendre le succès de leur funeste dessein à leur divinité, D. ne permettra pas cela.
5. V 32 :44. Pour nous enseigner que lors de son intronisation à la tête du peuple, il est resté humble.
6. V 32 :51. Le peuple aurait compris qu’il doit obéir à la parole de D. comme le rocher même si lui n’est pas récompensé pour cela.