Les textes de la semaine : Chabbat VAYETZE'

Résumé de la Paracha VAYETZE'

Fuyant la colère de son frère Esaü, Jacob quitte Beer Cheva pour s’en aller à Haran. Il s'arrête pour dormir en un lieu appelé Louz, où il rêve d’une échelle touchant les cieux de laquelle montent et descendent des anges. Au sommet de celle-ci, D.ieu l'assure de l'accompagner dans son exil. À son réveil, Jacob consacre la pierre qui lui a servi d'oreiller et nomme le lieu Béthel.

A Haran, Jacob demeure chez son oncle Laban pour qui, il travaille comme berger. Laban accepte de lui donner pour épouse sa fille cadette Rachel, que Jacob aime, en échange de sept années de travail. Mais au soir du mariage, Laban remplace Rachel par Léa, sa sœur aînée et Jacob ne découvre la tromperie qu'au matin. Il n'épousera Rachel qu'une semaine plus tard après avoir accepté de servir Laban sept années supplémentaires.

Alors que Rachel reste stérile, Léa donne naissance à six garçons : Réouven, Chimone, Lévi, Judah, Issakhar et Zévoulon et à une fille Dinah. Rachel donne à Jacob sa servante Bilah, comme épouse et deux garçons naissent : Dan et Naphtali. Léa agit de même avec sa servante Zilpah, qui donne naissance à Gad et Asher. Rachel est finalement enceinte et enfante Joseph. Après avoir travaillé quatorze ans chez Laban, Jacob décide de rentrer au pays, mais doit encore ruser avec Laban afin d'obtenir son salaire. Laban, auquel Rachel a dérobé ses idoles, poursuit Jacob; l'affaire se conclut de façon pacifique. Jacob se prépare aux retrouvailles redoutées avec son frère...

 

Les quiz de la semaine

 

1. La nuit de son rêve, Yaakov a fait quelque chose qu’il n’avait pas pu faire pendant 14 ans, qu’était-ce ?
2. Pourquoi était-ce Rahel qui gardait les troupeaux de son père et non pas ses frères ?
3. Pourquoi les yeux de Léa étaient-ils « faibles » ?
4. Quel âge avait Yaakov lorsqu’il s’est marié ?
5. Qu’a jalousé Rahel chez Léa sa soeur ?
6. Quel procédé mnémotechnique emploient nos sages pour identifier Rahel et Léa et leurs servantes respectives ?
7. Pourquoi D-ieu interdit-il à Lavan de parler à Yaakov en bien ?

Commentaire de la Paracha VAYETZE'

Texte: Béréchit 28:10-32:3

La paracha Vayetsé raconte le départ de Jacob vers l’inconnu, et son retour transformé. Au moment où il quitte la maison paternelle, Jacob reçoit la vision de l’échelle : une image qui, selon Rav Cherki, exprime la vocation d’Israël comme lien vivant entre le Ciel et la Terre. Rachi lit dans les anges qui montent et descendent un simple changement d’escorte entre la Terre d’Israël et la diaspora, tandis que le Ramban y voit l’action des forces naturelles gouvernées par D.ieu. Le Sfat Emet, lui, comprend cette échelle comme la possibilité d’une ascension intérieure, pas à pas, au cœur de chaque être humain.

Commence alors l’exil chez Lavan : un monde de ruse et d’ambiguïté. Rachi relève les tromperies concrètes dont Jacob est victime ; le Ramban insiste sur l’épreuve morale de l’injustice subie ; et le Sfat Emet voit en Lavan une puissance d’impureté qui oblige Jacob à une purification intérieure. Pour Rav Cherki, l’exil n’est pas seulement un lieu de résistance : c’est le laboratoire où se forge la personnalité d’Israël, capable d’agir dans un environnement corrompu sans perdre son identité.
Au cœur de cet exil naissent les Douze Tribus. Les noms donnés par les matriarches, que Rachi commente dans leur sens littéral, expriment pour le Ramban le destin spirituel propre à chaque enfant. Le Sfat Emet souligne que chaque tribu incarne une voie particulière du service divin, et Rav Cherki y voit déjà l’idée d’un peuple divers mais uni par une mission commune.
Même la réussite matérielle de Jacob, illustrée par la multiplication ingénieuse de ses troupeaux, devient un enseignement : Rachi décrit le procédé technique, le Ramban rappelle l’action discrète de la Providence, et le Sfat Emet montre comment la matière peut révéler une lumière divine cachée. Rav Cherki insiste sur la sainteté qui passe aussi par l’intelligence humaine.
Lorsque Jacob quitte Lavan, il se sépare d’une influence spirituellement dangereuse pour retrouver son identité propre. Et quand il revient en Terre d’Israël, accompagné d’anges, Rav Cherki voit en ce retour la récupération de sa dimension prophétique. Ainsi, Vayetsé raconte comment se construit progressivement la vocation d’Israël : un peuple appelé à être une source de bénédiction pour le monde

inspiré de MEÏR HAÏ THOMAS  https://bethrivkah.fr  

 

Commentaire de la Haftara VAYETZE'

Texte: Véami Télouim. Osée 11:7-12:12

La haftara de cette semaine, tirée du livre d’Osée, présente D.ieu non comme un juge, mais comme un père aimant, blessé par l’ingratitude de son enfant Israël, et déchiré à l’idée de le punir : « Comment t’abandonnerais-je, Éphraïm ? [...] Mon cœur se retourne en moi ,et mes compassions aussi s’émeuvent. Je n’obéirai pas à ma violente colère […] car je suis D.ieu et non un mortel, le Saint qui réside au milieu de toi : je ne viendrai point dans la fureur. »
Ce verset est cité dans le Talmud (Taanit 5a:11). Le traité Ta’anit traite des jeûnes communautaires, décrétés en période de crise — absence de pluie, famine, catastrophes — signes d’un déséquilibre dans la relation entre D.ieu et Israël. Le but du jeûne est alors de recréer un espace où la présence divine peut revenir.
Pour cela, les Sages doivent comprendre les versets du Tanakh décrivant comment D.ieu réagit dans ces crises. Rav Naḥman interroge Rabbi Itzḥak sur plusieurs passages obscurs, dont celui de notre haftara.
L’expression hébraïque לֹא אָבוֹא בְּעִיר (lo avo ba‘ir), traduite « je ne viendrai pas dans la fureur », signifie littéralement « je n’entrerai pas dans la ville ». Pourquoi D.ieu refuserait-Il d’entrer dans Jérusalem, ville sainte? Rabbi Itzḥak explique qu’il faut comprendre: « Je n’entrerai pas dans Jérusalem d’en haut (la Jérusalem celeste) avant d’être entré dans Jérusalem d’en bas (la Jérusalem terrestre), quand elle sera sainte au milieu de vous. ».
La présence divine reste donc « retenue » tant qu’Israël est en exil et que Jérusalem terrestre est en ruine : idée talmudique bien connue : la Shekhina (présence divine) accompagne Israël dans l’exil. D.ieu attend que le monde soit réparé pour «rentrer chez Lui », et cette réparation dépend de l’action humaine.
Cela nous rappelle notre responsabilité : rendre ce monde habitable par nos actes de justice, de réparation et de solidarité. Mais cela nous invite aussi à sortir de notre bulle : une spiritualité authentique ne fuit pas le monde, elle le porte. Être spirituel, c’est d’abord être présent là où l’autre souffre.

d’après sources diverses/  

 

Réponses aux quiz

1. V 28 :11. Il a dormi pour la première fois dès la tombée de la nuit. Pendant 14 ans il était dans la Yéshiva de Chem et Ever, et il passait ses nuits à étudier.
2. V 30 :27. Ses frères n’étaient pas encore nés.
3. V 29 :17. Parce qu’elle avaient beaucoup pleuré en pensant qu’elle serait destinée à Esaü.
4. V 29 :21. 84 ans.
5. V 30 :1. Ses bonnes actions, car elle pensait que c’était la raison qui justifiait qu’elle eût des enfants.
6. V 30 :10. Le mot B(A)RZ(E)L (qui signifie fer) relie Bilha et Rahel d’une part et Zilpa et Léa d’autre part.
7. V 31 :24. Car le bien venant d’un méchant est un mal pour le juste.