Commentaire de la Paracha VAYAKHEL-CHABBAT PARA
Texte: Chémot 35:1-38:20
La paracha de cette semaine détaille la construction du Tabernacle. Mais au-delà de cette description, elle constitue avant tout une leçon fondamentale sur la manière de construire une communauté. Pour illustrer ce message, la Torah utilise un même verbe, présent dans notre paracha et dans la précédente, mais dans deux contextes très différents :
Le premier contexte est celui du début de l’épisode du veau d’or:«
Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s’attroupa (Vayakhel) autour d'Aaron et lui dit : "Allons! Fais-nous un dieu qui marche à notre tête, puisque nous ne savons ce qu’est devenu Moïse, l'homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte" » (Exode 32:1).
Le second contexte est l’ouverture de notre paracha : «
Moïse rassembla (Vayakhel) toute la communauté des enfants d'Israël et leur dit : "Voici les choses que l'Éternel a ordonné d'observer" » (Exode 35:1).
Le verbe est identique dans les deux versets (Vayakhel – "il rassembla"), mais son sens diffère profondément.
Dans le premier cas, il s’agit d’un attroupement spontané, une simple foule sans leader, dominée par la panique. À l’inverse, dans le second cas, il s’agit d’un rassemblement structuré, guidé par Moïse, qui donne naissance à une véritable communauté.
Dans une foule, l’individu perd son identité. Une mentalité collective irrationnelle prend le dessus, poussant des personnes de milieux et d'éducations différents à agir sous l’impulsion du moment. Elles ne retrouvent leur lucidité que lorsqu'elles sont de nouveau seules.
La foule qui se presse autour d’Aaron est une foule en panique : Moïse, leur seul lien visible avec D.ieu, a disparu. Déstabilisés, ils demandent à Aaron de fabriquer un dieu, une réaction immature et précipitée, dictée par la peur et l'incertitude. En revanche, la foule qui se regroupe autour de Moïse est d'une toute autre nature. Moïse ne cherche pas à canaliser une frénésie collective, mais à bâtir une communauté structurée, où chaque individu conserve son individualité. Ainsi, le projet du Michkan (Tabernacle) repose sur la participation de chacun : Certains apportent de l'or, d'autres de l'argent, d’autres encore de la laine ou des peaux d'animaux.
Ce qui unit ces personnes n’est pas une émotion collective incontrôlée, mais une volonté partagée d'accomplir ensemble un projet plus grand que soi. En ces temps troublés, souhaitons que le désir commun de lutter ensemble, de manière ordonnée et réfléchie, soit celui qui prévale. Agissons comme une communauté et non comme une foule. Ne cédons pas à la tentation du chacun pour soi, car ensemble nous sommes plus forts
source:d’après Rabbi Sacks http://rabbisacks.org