Commentaire de la Paracha VAYERA

Texte: Béréchit 18:1-22:24

La femme de Loth n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible, mais son histoire dit beaucoup sur la difficulté humaine à se détacher du passé.
Lors de la destruction de Sodome et Gomorrhe, villes gangrenées par la corruption et l’injustice, Loth et sa famille reçoivent l’ordre divin de fuir sans se retourner. Pourtant, son épouse jette un dernier regard vers la ville et se transforme en statue de sel. Ce n’est pas tant un châtiment qu’une image : celle de celui ou celle qui reste prisonnier de ce qu’il aurait dû quitter.

Le sel symbolise ici l’amertume et la culpabilité. Il donne de la saveur, mais pris seul, il brûle et dessèche. De même, la conscience de nos fautes est indispensable pour progresser, mais si elle devient obsession, elle finit par nous paralyser. Se retourner sur Sodome, c’est se figer dans le remords au lieu d’avancer. L’histoire de la femme de Loth nous met en garde contre ce piège : la culpabilité n’est utile que si elle conduit à l’action.

C’est pourquoi la tradition juive propose un geste symbolique : tremper le pain dans le sel le Chabbat. En hébreu, leḥem (pain) et melaḥ (sel) s’écrivent avec les mêmes lettres, simplement inversées. Ce geste rappelle qu’il faut transformer le sel en pain — autrement dit, convertir la douleur du passé en nourriture pour l’avenir.

Cette leçon vaut dans la vie quotidienne, notamment dans l’éducation. Réprimander un enfant sans lui montrer qu’il peut changer, c’est le condamner à se voir comme fautif plutôt que perfectible. L’essentiel est de transformer la faute en apprentissage, la culpabilité en progrès.

Ainsi, la femme de Loth ne représente pas seulement la désobéissance, mais le risque universel de s’enfermer dans la nostalgie ou le regret. Sa statue, dressée face au désert, nous rappelle que regarder en arrière trop longtemps revient à se transformer soi-même en sel : figé, stérile, incapable d’avancer
source:d’après  MEÏR HAÏ THOMAS https://bethrivkah.f