Commentaire de la Paracha VAYETZE'

Texte: Béréchit 28:10-32:3


Dans notre Paracha, Laban, ayant dupé Jacob en le forçant à épouser sa fille ainée Léa lui dit : « Ce n’est pas l’usage dans notre pays de marier la cadette avant l’ainée ».
On peut se demander si la Torah ne suggère pas à travers cette histoire qu’il y a toujours une justice même tardive. « On récolte ce que l’on sème » dit le dicton. Cette affirmation que l’ainé doit passer avant le cadet ne renvoie-t-elle pas Jacob à l’épisode de la bénédiction paternelle volée à son frère ainé Esaü ? Ce mariage forcé avec Léa n’apparait-il pas comme une punition tardive à une mauvaise action avérée ?
On peut identifier un autre lien entre deux faits séparés dans le temps décrits dans la Genèse, qui pourrait suggérer que la justice finit toujours par passer : lorsque Juda et ses frères, ayant jeté Joseph, le benjamin, au fond d’une fosse reviennent vers leur père lui présentant une tunique ensanglantée, Juda demande : « Haker na ?» (Reconnais-tu cela ?). Des années plus tard, c’est l’expression qui sera utilisée par Tamar, la belle fille de Juda, jugée pour prostitution, qui confond Juda en lui présentant le sceau, le cordon et le bâton qu’il lui avait donné en gage lorsqu’il a eu des rapports avec elle. « Haker na ? », là encore, on peut penser que justice a été rendue et que Juda a été puni pour sa faute.
Il existe dans la tradition rabbinique, une expression : « Mida keneged Mida » (mesure pour mesure) pour exprimer le fait que la punition est toujours à la hauteur de la faute. Et l’hymne juif bien connu « Yigdal » affirme que: « Dieu récompense les bons suivant leurs actes et punit les mauvais suivant leur méchanceté ».
On peut pourtant se demander si la justice fait toujours partie de ce monde ou si elle n’est pas parfois rendue dans l’autre monde. Rabbi Yannai nous rappelle « que nous n’avons le pouvoir d’expliquer ni la tranquillité des méchants ni les souffrances des justes » (Pirké Avot 4 :15). Pourtant, si nous sommes parfois incapables de la percevoir, cela signifie-t-il pour autant qu’il n’y a pas de justice ? Faut-il alors oublier cette notion, ou devons-nous continuer d’enseigner à nos enfants que toute action a des conséquences et qu’on récolte toujours ce que l’on sème ?
source:d’après Rabbi Michael Gold https://http://www.conservativeyeshiva.org/torahsparks/année5766/