Commentaire de la Paracha NOAH
Texte: Béréchit 6:9-11:32
La paracha Noa’h relate le moment où D.ieu décide de réinitialiser la création par le Déluge, à cause de la corruption morale de l’humanité. La violence (‘hamas’ dans le texte) a envahi la terre. L’humanité s’est pervertie au point de contaminer toute forme de vie. Mais comment, en seulement dix générations depuis Adam, a-t-elle pu tomber si bas ?
Selon Maïmonide, ce déclin est dû à la propagation de l’idolâtrie. À l’origine, les hommes reconnaissaient un seul D.ieu, créateur et maître de l’univers. Mais, au fil des générations, cette conscience s’est obscurcie : on a commencé à honorer les astres comme les intermédiaires de D.ieu, avant de les adorer comme des divinités indépendantes. Cette erreur intellectuelle s’est transformée en rupture spirituelle et morale.
L’idolâtrie, explique Maïmonide, n’est pas qu’une erreur de croyance. En niant la présence d’un D.ieu unique et juste, les hommes se sont livrés à la recherche du plaisir, du pouvoir et de la possession, oubliant la sainteté du monde. En se plaçant eux-mêmes au centre de l’univers, ils ont remplacé le service de D.ieu par celui de leurs désirs. Ce glissement a entraîné la dissolution des valeurs fondamentales : justice, vérité, compassion. Là où la foi en un D.ieu moral engendre une société éthique, la croyance en des idoles multiples conduit à la fragmentation et à la décadence.
Le Déluge n’est donc pas seulement une punition : il est un acte de purification, un rétablissement de l’ordre brisé. D.ieu, en observant la déchéance de l’humanité, n’est pas un souverain en colère, mais un Créateur au cœur blessé. Il ne se repent pas d’avoir créé, mais souffre de voir l’humanité renoncer à sa vocation spirituelle. Le Déluge apparaît alors comme une manière de redonner à la création sa pureté première, en lui offrant un nouveau départ à travers Noa’h, symbole du juste et du fidèle.
Ce récit nous enseigne la puissance et la fragilité du libre arbitre. L’homme possède le plus grand des dons : la liberté de choisir entre le bien et le mal. C’est aussi son épreuve la plus difficile. En oubliant sa nature divine, il tombe dans la matérialité et l’égoïsme. Mais lorsqu’il se souvient de son essence, il devient partenaire de D.ieu dans l’accomplissement du monde.
L’histoire de Noa’h devient ainsi une métaphore de la condition humaine : la chute n’est jamais définitive. Même au cœur du chaos, D.ieu laisse à l’homme la possibilité d’un recommencement. L’épisode du Déluge est une invitation à purifier nos cœurs, afin de retrouver la conscience du divin en nous et autour de nous
source:d’après Rabbi Chaim Richman Jerusalem Lights