Commentaire de la Paracha VAYECHEV

Texte: Béréchit 37:1-40:23

La parasha Vayéchev s’ouvre sur les mots : « Jacob s’installa » (Gn 37,1), et Rachi commente que Jacob aspirait enfin à la paix, mais que l’épreuve de Joseph survint, rappelant que le juste n’est jamais autorisé à rechercher une tranquillité totale tant qu’il reste du travail spirituel à accomplir.
Le récit de Joseph et de ses frères introduit la dynamique du conflit : selon Rachi, la tunique multicolore symbolise la préférence marquée de Jacob et devient source de jalousie, et le Talmud (Shabbat 10b) en tire la règle de ne jamais distinguer entre les enfants, lisant ici l’origine d’un conflit fraternel majeur dans l’histoire d’Israël. Pour le Rambam, l’élévation de Joseph en Égypte manifeste la providence divine à l’œuvre dans les choix humains, même fautifs, et la grandeur d’un homme se mesure à sa capacité de rester fidèle à Dieu dans la contingence politique : Joseph devient ainsi le modèle du juste en diaspora. Son rapport aux rêves renforce cette dimension : Rachi remarque que le premier rêve renvoie au monde agricole et le second à l’ordre cosmique, tandis que le Talmud (Berakhot 55–57) enseigne que « les rêves suivent l’interprétation qu’on en donne », faisant de l’histoire de Joseph une méditation sur la responsabilité de l’interprétation et sur la manière dont notre compréhension d’un message conditionne l’avenir.
La figure de Réouven et surtout celle de Juda illustrent la complexité morale : le Talmud (Sanh. 6b) discute la proposition de Juda de vendre Joseph, compromis pragmatique ou leadership responsable, et Rachi note son intention d’éviter un meurtre malgré une solution imparfaite. Le Rav Oury Cherki y voit la naissance du leadership nuancé du futur royaume de Juda, capable d’assumer la complexité humaine.
L’épisode de Joseph face à la femme de Potiphar devient ensuite un moment clé de l’éthique de la tentation : le Midrash et le Talmud (Yoma 35b) en font un modèle de maîtrise morale, Joseph « voyant » l’image de son père ; pour le Rabbi de Loubavitch, cette vision est la mémoire intérieure du lien à Dieu, rappelant que « le Juif n’est jamais seul ». Enfin, dans une lecture philosophique, Rav Cherki voit en Joseph le premier Hébreu capable de réussir dans une civilisation étrangère tout en y introduisant l’éthique d’Israël : Vayéchev marque l’entrée des enfants d’Israël dans l’histoire politique et morale du monde
source:d’après sources diverses