Commentaire de la Haftara TOLDOT

Texte: Massa Malakhi 1:1-2:7

La haftara de cette semaine est tiré du livre de Malachie, dernier des livres des prophètes. Malachie s’adresse au peuple d’Israël après le retour de l’Exil à Babylone. Le Temple a été reconstruit, mais la ferveur religieuse est retombée, et le peuple manifeste une certaine lassitude spirituelle.
Le texte commence par une affirmation divine forte : « Je vous ai aimés ! ». « En quoi nous as-tu aimé ? » questionne le peuple. Dieu rappelle alors son choix d’Israël par rapport à Ésaü/Édom.
Puis le prophète s’en prend aux prêtres qui offrent à D.ieu des sacrifices indignes : «Et quand vous amenez une bête aveugle pour la sacrifier, il n’y a pas de mal à cela ? Et quand vous en amenez une boiteuse et malade, il n’y a pas de mal à cela ? Va donc la présenter à ton gouverneur ! T’agréera-t-il ? T’accordera-t-il quelque faveur ? …»
Ce verset est cité dans le Talmud (jerusalem talmud Avodah Zarah  1 :5 dans une discussion ou cette condamnation du prophète est « retournée » pour établir un principe juridique. Le traité Avodah Zara expose les règles visant à éviter toute participation, même indirecte, aux pratiques idolâtres. Il réglemente notamment les échanges commerciaux avec les gentils afin de ne pas faciliter les rites païens. Ainsi, il est interdit de vendre un animal susceptible d’être utilisé pour un sacrifice idolâtre, en particulier les coqs blancs.
Mais Rabbi Yehuda apporte une nuance essentielle : il suffit de couper une griffe à l’animal pour le rendre impropre au sacrifice car «  on ne sacrifie pas d'animaux défectueux dans le culte païen » . Le raisonnement est subtil : Malachie condamne l'offrande d'animaux imparfaits en disant qu'un humain (gouverneur) ne les accepterait pas, donc probablement pas non plus un dieu étranger. Ainsi, un animal défectueux ne peut être utilisé pour un sacrifice païen et devient vendable car il est impropre au culte.
Cette histoire nous invite d'abord à réfléchir à ce que nous consacrons à nos valeurs : dans la vie, nos engagements profonds —spirituaux, moraux, humains— méritent le meilleur de nous-mêmes, pas nos restes.
Elle nous donne aussi une leçon sur « l’éthique de la complicité ». Vendre un animal parfait à un païen, c'est potentiellement participer à son culte. Espérer que cela ne se produira pas n’est pas une solution. Créer une marque visible (griffe coupée) permet de manière claire de matérialiser notre dissentiment, non de le penser seulement. L’éthique ne s’écrit pas dans nos intentions, mais dans la clarté de nos refus.
d’après sources diverses/