Commentaire de la Haftara VAYISHLAH
Texte: Hazon Ovadia. Ovadia 1:1-21
Le livre du prophète Ovadia, dont est tirée notre haftara, est le plus court de tout le Tanakh : un seul chapitre, vingt et un versets. Mais il porte un message fort, presque entièrement dirigé contre Édom.
Ovadia lui reproche non seulement d’avoir attaqué Juda, mais aussi d’être resté passif lorsque Jérusalem était envahie par les Babyloniens, de s’être réjoui de son malheur, d’avoir pillé la ville après leur départ et d’avoir livré les fugitifs. Il annonce qu’aussi puissante qu’Édom puisse se croire, elle sera finalement renversée : «
Même si tu élevais ton nid comme celui de l’aigle, quand bien même tu le placerais parmi les étoiles, je t’en ferais descendre, dit l’Éternel » (1,4).
Ce verset est cité dans le Talmud de Jérusalem, traité Nedarim (3:8:2), consacré aux vœux personnels que l’on prononce par la parole : un véritable traité du droit religieux du langage. Le chapitre où apparaît notre verset aborde les vœux qui visent des catégories de personnes. La Mishna cite, par exemple : «
Je ne veux rien recevoir des descendants d’Abraham ». Se pose alors une question essentielle : qui fait réellement partie de cette catégorie ? De la réponse dépendra la portée du vœu.
Qui sont alors les descendants d’Abraham? Les Juifs en font évidemment partie. Mais Ésaü, lui aussi descendant d’Abraham et fils d’Isaac, doit-il être inclus ? Les Sages répondent : non. Ils expliquent qu’Ésaü ne représente qu’une partie de la lignée d’Isaac, alors que Jacob en porte la véritable continuité spirituelle. Ésaü, même s’il est biologiquement un descendant, n’appartient pas à la lignée morale et spirituelle d’Abraham. La discussion introduit alors une image saisissante : dans le monde futur, Ésaü tentera de “se glisser” parmi les Justes, allant jusqu’à revêtir un talith et à s’asseoir parmi eux. Mais Dieu le repoussera, et le verset d’Ovadia est cité comme preuve qu’aucune apparence ne peut lui conférer cette place.
Cette lecture nous enseigne que l’on ne devient pas juste simplement en s’asseyant parmi les justes, pas plus qu’on ne devient lumineux en se plaçant parmi les étoiles. La véritable grandeur ne vient ni de l’origine ni de l’apparence : elle se construit dans le cœur, dans la droiture, dans la vérité de la vie que l’on mène. Ceux qui voudraient, comme Ésaü, élever leur nid “parmi les étoiles” sans en vivre la lumière, finissent toujours par être démasqués et ramenés à ce qu’ils sont réellement.
d’après sources diverses/