Commentaire de la Haftara VAYECHEV

Texte: Al Chlocha. Amos 2:6-3:8

La haftara de cette semaine est tirée du livre d’Amos. Le prophète y prononce une série d’oracles de jugement au nom de D.ieu. Après celles de Moab et Juda, Amos expose les fautes d’Israël avec une force particulière : manque de respect pour le culte, immoralité, injustice sociale et exploitation des plus faibles. C’est dans ce contexte qu’apparaît le verset bien connu :
« Ainsi a dit l’Éternel : À cause de trois crimes d’Israël et à cause de quatre, je ne le rétracterai point, parce qu’ils vendent à prix d’argent le juste, et l’indigent à cause d’une paire de sandales. » (2 :6)
Ce verset, si accusateur dans son contexte, est cité dans le traité Sanhédrin du Talmud (7a:9), principal traité de droit pénal juif, mais dans un sens étonnamment différent.
Dans ce passage talmudique, les sages débattent de la question suivante : un juge doit-il encourager (voire proposer activement) un compromis entre les parties, avant de rendre un jugement strict fondé sur la lettre de la loi ?
La conclusion est que le compromis est préférable tant que le jugement n’a pas encore été prononcé, car un conflit apaisé rapidement évite l’escalade et la haine.
Le texte passe alors de la gestion des litiges à la manière de sanctionner les fautes. Faut-il punir dès la première transgression ou patienter ? C’est là que le verset d’Amos est cité, mais, alors que le prophète l’utilise pour dénoncer une série de fautes de plus en plus graves, Shmuel relit ce verset autrement : D.ieu ne punit ni au premier ni au deuxième ni même au troisième écart. Il laisse la porte ouverte à la réparation. Mais la persistance exige une réponse car l’absence de limites nourrit l’injustice.
Le Talmud nous propose ainsi une éthique du discernement : dans les relations humaines — qu’il s’agisse de manquements ou de différends— la sagesse est de savoir intervenir ni trop vite, ni trop tard.
Il faut donner à l’autre la possibilité de se corriger, rechercher la paix et la conciliation, et éviter que les tensions ne s’enveniment. Mais il faut aussi être capable d’établir des limites claires, car un conflit laissé sans cadre ou une faute ignorée trop longtemps peuvent entraîner des dommages irréparables.
C’est peut-être là que réside l’équilibre : favoriser d’abord la paix et la tolérance, mais ne jamais renoncer aux principes qui protègent la justice la dignité et l’équité
d’après sources diverses/