Commentaire de la Haftara BERECHIT

Texte: Ko Amar Hael. Isaïe 42:5-43:10

lLa haftara de cette semaine est tirée du chapitre 42 du livre d’Isaïe, dans lequel le prophète introduit la figure du « serviteur de D.ieu ». Curieusement, ce chapitre présente deux portraits très différents de ce serviteur : Le prophète commence par décrire un serviteur modèle : « Il ne crie point, il n’élève pas la voix… Il fera régner le droit en vérité » (Isaïe 42, 2-3). C’est le serviteur idéal, celui qu’Israël aurait dû incarner.
Mais bientôt une tension se fait sentir : celui qui devait être l’instrument du salut se trouve, dans la réalité historique, en exil et brisé. La figure du serviteur modèle n’est plus du tout glorieuse :« Qui est aveugle, sinon mon serviteur ? Qui est sourd, sinon le messager que j’envoie ? » (Isaïe 42,19). Le peuple choisi pour être témoin de D.ieu a perdu la faculté d’entendre et de voir. Le résultat, c’est un peuple « pillé et dépouillé », livré à la justice divine :
« Qui a livré Jacob au pillage et Israël à ceux qui l’ont dépouillé? N’est-ce pas l’Éternel, lui contre qui nous avons péché, lui dont ils n’ont pas voulu suivre les voies et dont ils n’ont point écouté la loi ? » (Isaïe 42,24)
Ce verset est cité dans le Talmud de Jérusalem, dans le traité Horayot (3:4:10), qui aborde les fautes involontairement commises par des personnages publics. Mais ce passage (3:4:10) raconte aussi une histoire touchante :
Rabbi Yehoshua se rend à l’entrée d’une prison. Il prononce à mi-voix le début du verset : « Qui a livré Jacob au pillage… ». Alors, la voix d’un enfant emprisonné lui répond en complétant le verset :« N’est-ce pas D.ieu contre qui nous avons péché… »
Ému par cette réponse, Rabbi Yehoshua décide de racheter l’enfant pour une forte somme, affirmant qu’il deviendrait un jour une grande autorité juridique en Israël.
Dans sa réplique, l’enfant reprend la thèse du prophète Isaïe : ce qui arrive au peuple n’est pas la faute d’un ennemi extérieur, mais le résultat d’un manquement intérieur. C’est D.ieu qui a permis cet état de choses, et le Talmud souligne ainsi un principe moral : avant de se plaindre de l’ennemi, il faut reconnaître la source intérieure du mal.
Ceci nous enseigne peut-être que, lorsque le malheur frappe, il est plus constructif de chercher d’abord en quoi nous avons contribué à notre situation, plutôt que de désigner des boucs émissaires. Cela ne signifie pas que toute souffrance est méritée, mais plutôt que toute souffrance peut devenir une occasion d’introspection et, parfois, d’une renaissance intérieure.
d’après sources diverses/